Peu à peu, j'ai ressenti le besoin d'avoir une captation immédiate, photographique, des dessins et des sculptures, et d'entrer dans un va- et -vient entre l'objet matériel, son image, et l'expression de ce ressenti par les mots, pour en développer encore davantage la poésie.

Les livres d'artistes m'ont permis d'allier ces pratiques, et de commencer à développer un autre pan de mes préoccupations: la relation à l'autre, l'art comme média pour travailler sur le mieux-vivre ensemble, canal de compréhension, constructeur de liens, de ponts, de chemins vers l'autre,

de rencontres...

Parallèlement, je pratiquais la danse, mais, je me trouvais peu de légitimité, la considérant comme un loisir, telle que mon histoire l'avait inscrite... Et pourtant... Il y a peu, une expérience et des rencontres m'ont libérée de certaines entraves, et je me suis rendu compte alors que ce passage par le corps était évident et nécessaire, et même davantage, il me rendait simplement heureuse, en m'ancrant davantage dans le vivant, par le mouvement.

Et il me permettait aussi de poursuivre et approfondir les thématiques qui me tenaient à coeur: art du mouvement, de la vie, pouvant se mêler au graphisme du dessin, à la sensualité de la sculpture, pouvant se rythmer de mots, et les souligner, se prêtant au captage photographique, ouvrant la porte à des constructions vidéos plurielles...

La danse, le mouvement, est une pratique qui me permet d'animer des lieux statiques, de s'immiscer dans des espaces et des moments de vie, de surprendre, de créer du lien en provoquant un micro- évènement qui réveille l'autre dans sa conscience du moment. La danse ouvre alors une possibilité d'échange et de partage immédiats et dénués de parole, un moment privilégié et suspendu...